Toi, moi et le soleil

juillet 19, 2020

Nuit difficile. Tu as pleuré. Mal au ventre, aux dents, aux os qui poussent, que sais-je. Réveillée à 6h du matin. Je t’ai proposé de venir dans le lit avec nous, mais tu n’étais pas d’humeur. Tu étais d’humeur à sortir, à découvrir le monde sur les épaules de papa.

Dans le silence de la maison endormie, je t’habille puis prépare le sac. Biberon, boudoirs, couches et lingettes. Je dois tout faire d’une main, car tu refuses que je te pose. Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude. Mes gestes sont précis, assurés. Le plus compliqué est de verser le lait dans le biberon. La bouteille vacille mais reste debout.

Nous partons. L’horloge sur le four affiche 6h30. C’est tôt. Le soleil se lève à peine, l’horizon est mauve, avec des traînées couleur miel. Je t’ai mis sur mes épaules, tu babilles. Ça va mieux maintenant, tu avais juste besoin d’un peu de ciel.

Nous marchons dans les rues silencieuses, marchons jusqu’au pied de la dune, grimpons cette dune, tous les deux, avec le soleil rasant, avec le bruit de l’océan, là-bas, derrière la dune, avec mes pieds qui s’enfoncent dans le sable frais.

En haut, nous l’apercevons – l’océan. « Ouaaa » t’exclames-tu, et ta voix est embrassée par le vent, lovée au sein d’un instant de ciel, bleu-craie avec une esquisse de lune. Le paysage est comme un calque de lui-même, en plus pâle, plus parfait, plus éthéré. Mais soudain, un fil de soie éblouissant se détache de sa couture, et embrase l’air d’une poussière d’or. « C’est le soleil, dis-je à Ambre. Toi, moi et le soleil. »

Nous descendons la dune de l’autre côté, en direction de la plage. Nous sommes seuls, sur des kilomètres. Des kilomètres de sable doux, de coquillages, de flots étincelants s’amenuisant en écume blanche sur le rivage. Je te descends de mes épaules. Le vent chiffonne tes cheveux, je les embrasse. Puis je te prends par la main, et nous marchons, seuls, dans cette aube de sel et de ciel, et je sais, à la surface de ma peau hérissée comme dans les profondeurs de mon cœur, je sais que je ne pourrais être plus heureux qu’en cet instant-là ❤

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