La poignée de porte
février 5, 2021
l est tard, 21h45. Ne riez pas, nous sommes jeunes parents. Fourbu, les yeux brûlants de fatigue, j’éteins la télé. C’est notre petit répit de la journée : regarder un ou deux épisodes de série avant d’aller nous coucher. En ce moment, nous nous refaisons les saisons de Gossip Girl. J’avais oublié à quel point Serena était insupportable, surtout vers la fin.
La porte de la chambre d’Ambre est légèrement entrouverte. Quelques centimètres, juste de quoi laisser filtrer un peu de lumière et de bruit. C’est une nouveauté 2021, car avant elle ne s’endormait que dans l’obscurité. Mais il faut s’adapter à ses besoins, à ses peurs qui évoluent. « Peur noir » a-t-elle dit l’autre jour. Alors nous avons installé une petite veilleuse, et puis nous laissons la porte ouverte.
Avant de monter nous coucher, il faut que je la ferme. Aucune envie que les chats viennent réveiller Ambre en pleine nuit. Moment merveilleux et terrible à la fois. Merveilleux car j’en profite toujours pour jeter un coup d’œil dans la chambre, et je vois ma fille allongée dans son lit, sa tête posée sur l’oreiller, avec sa couette dont elle est si fière, et son armée de doudous pour la protéger – Pikachu, Dumbo, Gros Nounours, bébé Yoda, le chat du Cheshire… ça ferait un sacré boys band (enfin doudous band). Terrible car la poignée grince, et j’ai toujours peur de la réveiller.
En fermant cette porte, j’ai la sensation de fermer une boîte à trésor, vous savez. Comme une femme qui, chaque soir, retirerait un bijou inestimable et le rangerait avec précaution dans son écrin. Doucement, tout doucement, je tire la porte vers moi, avec la poignée en métal dans ma main, et puis je relâche cette poignée, lentement, avec son grincement qui me fait serrer les dents. Voilà, mon trésor est à sa place. Et demain matin, j’irai m’enivrer dans ses cheveux d’or.
Leave a reply
© Copyright 2019, Papa Plume Des couches et du style !
1 comment
Comment by js
js novembre 25, 2021 at 3:12 pm
c’est drôle le ressenti des uns et des autres… j’avais l’impression inverse, dès que je fermais la porte (pour qu’elle soit au calme), j’avais l’impression d’ajouter une distance et ça me pinçait le coeur (enfin pour être honnête, un mélange de soulagement –une fois la porte fermée, on a un petit temps de tranquillité– et de culpabilité de l’éloigner comme ça de nous…) je détestais ça… maintenant elle dort avec la veilleuse et la porte ouverte. c’est sûr, elle nous rejoins parfois la nuit et c’est dur de se lever pour la recoucher une fois la peur passée et rendormie, mais au moins, elle est « avec nous » et non plus dans la pièce d’à coté.. mais à chacun son ressenti 🙂