Les papas interdits aux échographies de grossesse

avril 10, 2021

Il y a quelques semaines, ma femme a passé son échographie du premier trimestre. Dans le cadre actuel du protocole COVID, je n’ai pas été autorisé à y assister.
Pardonnez-moi, mais il y a quelque chose qui m’échappe. On laisse les gens aller travailler sur site, s’agglutiner dans les transports (car, ne vous y trompez pas, certaines lignes de métro sont bondées matin et soir), jouer au foot sans masque, mais on refuse à un futur parent le droit d’assister aux échographies de grossesse ?
Un enfant se fait à deux, s’imagine à deux, s’accueille à deux. Participer à ces échographies, c’est pour l’homme (ou la femme) l’occasion de rencontrer son bébé et de se projeter. Pour les avoir vécus avec ma fille, ce sont des instants extraordinaires, qui forgent une existence.
Il est légitime d’attendre des jeunes pères (et des hommes en général) qu’ils s’investissent plus au sein de leur foyer. Encore aujourd’hui, 70% des tâches domestiques et familiales sont réalisées par les femmes ; une mère sur deux ajuste son activité professionnelle après la naissance d’un enfant, contre seulement un père sur neuf. Tout au long de mon livre, j’invite d’ailleurs les pères à assumer leurs responsabilités et prendre leur part – d’amour, de travail domestique, de charge mentale. Tant pour leur propre épanouissement, que pour renverser la table du patriarcat.
Dans cette optique, je crois qu’interdire aux conjoint(e)s d’assister aux échographies trimestrielles est un terrible recul. C’est leur envoyer le message qu’ils ne sont pas indispensables ; que la grossesse est un évènement biologique, qui se passe entre la mère et son enfant. Comment encourager, dans ce cas, les hommes à prendre leur congé paternité ? À s’investir ? À sentir, au fond d’eux-mêmes, dans leurs tripes, la nécessité de leur présence ?
Mariages, anniversaires, voyages… l’épidémie nous prive de nombreux instants de joie qui, heureusement, peuvent souvent être reportés. On ne peut pas reporter une échographie. Ces moments-là, fondateurs, sont perdus pour toujours. Aidez-nous à les retrouver, car c’est, je crois, aussi une question de santé publique.

3 comments

  1. Comment by Davis

    Davis Reply avril 13, 2021 at 11:16 am

    Bonjour,

    J’ai eu la même surprise pour la troisième échographie de mon fils né en juin de l’année dernière.

    Nous sommes arrivés au cabinet de la gynéco, soudain on me dit : « Monsieur, vous ne pouvez pas assister à l’échographie. Il s’agit du protocole Covid ». La secrétaire n’a rien voulu comprendre. Il me fallait attendre non pas dans la salle d’attente, mais à l’extérieur sous la pluie. Heureusement que j’avais ma voiture pour m’abriter.

    la même histoire s’est répétée pour l’accouchement. Nous sommes arrivés à l’hôpital après que le travail ait commencé. Je n’avais pas le droit d’assister ma femme. « Protocole Covid ».
    J’avais légitimement ma place auprès de ma femme, non seulement parce que c’était ma femme ou encore que c’était moi le père. Mais surtout que nous avions suivi tous les deux les cours de prépa à la naissance. Comment voulez-vous qu’une femme qui a des douleurs d’enfantement se souvienne de toutes les leçons de prépa à la naissance qu’elle a suivies? C’est le rôle de son conjoint (ou d’une autre personne ayant suivi la prépa) de les lui rappelé.

    Il est vrai qu’en fin de compte, j’ai pu assister à la venue au monde de mon fils. Un moment merveilleux ! Mais, j’en garde un souvenir amère. Surtout quand on vous rappelle encore que vous n’avez pas le droit d’aller aux suites de couches parce qu’il est 2h du matin. « Attendez les heures de visites qui sont de 15h à 20h »…

  2. Comment by Eloïse

    Eloïse Reply octobre 9, 2021 at 2:04 pm

    Haaa, je découvre votre article et je m’y retrouve tellement. J’étais enceinte au même moment que votre épouse (j’ai accouché le 29 aout dernier) et nous avons vécu la même chose avec mon compagnon. Plus brutal encore, la 1er écho, celle qui confirme la grossesse, celle où on entend pour la première fois battre le coeur de notre enfant… J’étais seule pendant que mon homme -attendait dans la voiture en suant des grosses gouttes d’angoisses… C’est notre premier, nous ne savions pas un tas de choses… Et quand j’ai entendu battre le coeur de ce minuscule grain de riz perdu dans mon utérus, j’ai pleuré. J’ai pleuré d’émotions bien sûr mais surtout, de savoir que mon homme attendait tout seul dans la voiture, qu’il n’entendra plus jamais les premiers bruits des battements du coeur de sa fille. Et pour le suivi gynéco, il n’a pu venir que 3 fois pour les 3 grosses écho (avec 2-3 mois d’intervalle donc). C’est honteux… a côté de ça, on peut continuer à s’agglutiner dans les transports en commun ou à aller au resto à plusieurs. Mais s’il y avait une logique à tout ça, ça nous semblerait aussi étrange.

  3. Comment by Layla

    Layla Reply janvier 7, 2022 at 12:07 am

    Bonjour,

    Je suis en effet également outrée de la situation ! Nous ne nous sommes pas laissés faire avec mon conjoint et avons dû nous battre face à ces interdictions et il a pu assister à toutes les échographiesa et, de même, suite à plusieurs prises de rdv à l’hôpital avec gynécologue, sage-femme, sage femme cadre responsable des salles d’accouchement et celle responsable en suite de naissance il a pu rester avec nous lors de notre séjour à la maternité. Mais il a fallu beaucoup d’efforts pour avoir des instants précieux qui nous sont dûs !!!!

    Connaisseriez vous des pétitions, des associations à contacter afin d’exprimer notre mécontentement face à ces absurdes prises de décisions !?

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