Histoire de tototte

Tétine Philips Avent

Tétine Philips Avent_ crédit illustration TheBlackCatPaperie

 

On tâte ses poches. Avant, arrière. Dans le sac peut-être ? On le fouille, le retourne, le vide intégralement. « Et merde, j’ai oublié mon portable. » Aussitôt, l’angoisse s’empare de nous. Tant de choses à faire : consulter Facebook, envoyer un mail au banquier, et puis, si je me perds, comment je fais sans mon pote Google ? Sentiment de vide, d’abandon. On pense à son iPhone ou son Galaxy S10, seul, lui aussi, sur le meuble d’entrée ou la table de chevet. Est-il branché au moins ? Non, c’est sûr que non, il va crever de faim le pauvre. 

 

Eh bien, je préfèrerais oublier 1000 fois mon téléphone portable qu’une seule fois la tototte de ma fille. Car, quand on réfléchit bien, on peut (sur)vivre sans son téléphone. Il n’y a aucune urgence à poster sa dernière photo foodporn sur Instagram, ou consulter l’appli météo pour savoir comment s’habiller dans trois jours. Mais la tototte… la tototte n’est pas un accessoire subsidiaire, remplissant artificiellement nos existences appauvries et dépendantes. La tototte est un objet vital. L’oxygène du scaphandrier, la gourde d’eau de l’explorateur en milieu aride. En anglais, ils appellent ça un pacifier. Et pour cause : l’oublier, c’est prendre le risque d’une guerre totale aux conséquences atomiques. 

 

Bébé a mal ? Tototte. Bébé n’arrive pas à dormir ? Tototte. Bébé a faim ? Tototte. Bon, dans ce dernier cas, il ne mettra pas beaucoup de temps avant de découvrir le subterfuge, mais elle peut vous faire gagner de précieuses secondes, le temps de préparer le biberon par exemple. Une fois, en route chez des amis, nous avons découvert avec effroi que nous avions oublié le précieux chez nous. Il était 19h55, et la pharmacie la plus proche fermait à 20h. Sprint de ma vie, inutile car elle avait fermé en avance. Heureusement, le casino du coin fermait plus tard, et j’ai pu trouver de quoi sauver notre dîner. Ce n’était certes pas des Philips Avent, auxquelles notre fille est habituée, mais elles ont malgré tout parfaitement fait l’affaire. Nous avons eu la chance de nous trouver en zone urbaine à ce moment-là, mais ce genre de catastrophes peuvent survenir à tout moment et en tout lieu. Le mieux est donc d’avoir toujours une tototte sur soi, au cas où. Imagineraiton Astérix partir en mission sans un fond de potion magique dans sa gourde ? Et encore, pour résister à l’envahisseur, il y aura toujours Obélix pour faire le taf. Dans le monde des parents, il n’y a pas d’Obélix pour faire le taf. Et crois-moi, ton mini Jules César sera là pour te le rappeler. 

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.