Lettre à une jeune maman
août 30, 2021
Je ne suis pas une jeune maman, comme toi. Ce n’est donc pas en ton nom que j’écris. Ni à ta place. Mais depuis mon petit siège, assis face à ma femme qui allaite et brosse ma fille en même temps.
Je t’écris, à toi et toutes les autres, car j’ai besoin que ça sorte. Cette vague, en moi. Cette déferlante. D’admiration, de respect, de stupeur. J’ai vu ma femme enceinte. Deux fois. Je l’ai vue vomir, se tenir le ventre, souffrir pour monter et descendre les escaliers. Puis je l’ai vue accoucher. Deux fois aussi. Belle comme un astre, puissante comme une lionne, fragile au point de rompre, sans rompre, forte au point de donner la vie –rien que ça. Et aujourd’hui je la vois donner le sein, se lever la nuit, lutter contre la douleur, je la vois regarder son ventre et grimacer, et je l’entends pleurer et rire, et tout cela me bouleverse.
Aux jeunes mamans on dit : « Vous devez le nourrir toutes les trois heures. » On dit: « À mon époque, on les laissait pleurer. Ça leur faisait les poumons. » On dit: « C’est drôle, tu as un gros ventre, on dirait que tu es encore enceinte. » On les regarde, on les inspecte, on les juge. Rarement, on leut dit qu’elles sont belles et formidables. Car c’est souvent Bébé qui recueille les compliments. En tant que mères, elles sont fières qu’on admire leur poussin. En tant que femmes, elles souffrent, parfois.
Alors jeune maman, je te le dis : tu es belle, et courageuse, et formidable. Je te le dis vraiment humblement, car je n’ai aucune idée de ce que tu as vécu. Peut-être es-tu en train de me lire entre deux tétées ou biberons, après une nuit terrible. Peut-être es-tu épuisée, en plein doute, que tu te demandes même si tu aimes ton bébé. Tu as le droit d’avoir ces pensées. Devenir maman, c’est dur. Moi, je ne sais pas ce que c’est. Mais je vois, j’écoute, je ressens. Et ce que je vois, écoute, ressens, me pousse à écrire ces quelques mots. J’espère qu’ils t’apporteront un peu de réconfort, car c’est bien là ma seule intention
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