Lettre à ma fille
août 7, 2020
Tu n’as rien demandé à personne. Tu n’as jamais demandé à venir ici, sur ce petit bout de roche qu’on appelle la Terre, dans cet infime espace de temps qu’on appelle le présent. Tu n’as rien demandé, donc, mais pourtant tu es là. À cause de nous. Grâce à nous.
Puisque nous t’avons imposé cette rencontre avec le monde, le moins que l’on puisse faire, notre mission, notre devoir, est de t’y préparer. C’est-à-dire, te donner les outils pour le comprendre, l’accepter et, je l’espère, en dépit de tous ces défauts, l’aimer.
J’appelle outils certaines connaissances et usages – savoir compter, répondre avec politesse, reconnaître les types d’arbres dans la forêt, etc. Mais j’appelle outils, surtout, les valeurs que nous essayons de te transmettre et qui, plus tard, seront les fondements de ta maison intérieure – confiance, générosité, courage, amour…
Tu es née fille. Ça non plus, tu ne l’as pas choisi. Nous non plus, tu me diras. Il vaut mieux l’être aujourd’hui qu’il y a cent ou deux-mille ans, mais tout de même, le monde n’est pas encore comme je le souhaiterais. Il existe toujours des hommes qui pensent que la place de la femme est la maison, et des pays où c’est toujours le cas. À mon petit niveau, je me bats pour faire bouger les choses, par exemple avec le congé paternité. Mais le chemin est long.
Aucune porte ne s’ouvrira par un « shazam » devant toi ; mais aucune porte ne résistera non plus à ton travail, à tes convictions, à ta joie. Tu es née fille, mais cela ne doit jamais te freiner dans tes rêves, contrairement à ce que de vieux esprits surannés voudront te faire croire. Seules comptent la force de ce rêve, ton envie d’y arriver, la foi en tes capacités. C’est ce que nous te répéterons, inlassablement, ta maman et moi, car c’est ainsi que nous avons été nous-mêmes éduqués.
Je t’aime ma fille.
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