Elle a dit oui.

décembre 10, 2019

Le week-end dernier, nous sommes allés à un mariage. Celui de ma cousine, dans le sud de la France. Avant, les mariages, c’était simple. Louer une maison avec les potes, se faire beaux, somnoler à l’église, picoler au vin d’honneur, prendre des photos avec les mariés, crier « vive les mariés », manger de la pièce montée, tout donner sur la piste de danse, se coucher à cinq heures. Immuable rituel, auquel nous nous sommes adonnés une bonne dizaine de fois durant les quatre dernières années. 

Avec un bébé, évidemment, les choses sont un peu différentes. Déjà, on ne loue plus une maison avec les potes. On prend un petit Airbnb à trois, dans lequel bébé pourra faire ses siestes sans être dérangé par des cris d’animaux et bruits de vomi à l’aube. Ensuite, on se fait toujours beaux, mais, surtout, on le fait beau lui, bébé. Belle, dans mon cas. Robe liberty Jacadi, nœud dans les cheveux assorti, petits souliers vernis. On sort le grand jeu, pour entendre un maximum de « oh quelle est belle ! » ou « comme elle est mignonne ! » Quant à l’église, oubliez la petite sieste pré-soirée. Votre mission : gardez bébé le plus calme et silencieux possible. Pour cela, plusieurs techniques. La première, lire  avec lui le livret de messe. S’il y a des images, vous pouvez espérer l’occuper pendant une bonne dizaine de minutes (mais il risque de vouloir le mâchouiller). Deuxième technique, lui faire visiter le fond de l’église, montrer les vitraux, les statues, bref tout ce qui pourrait attirer son attention. Temps de diversion espéré : dix minutes. Troisième technique, préparer un gros bib et prier (c’est le bon endroit, après tout) pour qu’il fasse sa sieste. Temps de diversion espéré : 45 minutes. Si rien de tout cela ne fonctionne, il ne vous reste qu’à sortir sur le parvis et attendre tranquillement la fin de la cérémonie. Vous y retrouverez certainement d’autres parents esseulés, partenaires de galère qui vont suivront toute la soirée. 

Entre l’église et le vin d’honneur, il y a souvent un moment de latence, durant lequel les invités en profitent pour se détendre, faire un brin de toilette. Ce moment-là, vous le passerez certainement entre les couches sales et les éclaboussures de purée – quel dommage, sur la chemise blanche. Puis direction le domaine, le mât, le château, enfin le lieu que les mariés ont choisi pour vous en mettre plein la vue. Alors que vos amis non-parents sont déjà au stand champagne, vous êtes à la recherche de la baby-sitter. « Myriam, une grande blonde, vous ne pouvez pas la louper. » Ah ce doit être elle. Sourire aux lèvres, Myriam vous explique qu’elle doit d’abord faire manger les enfants, puis qu’elle s’occupera d’eux dans la salle prévue à cet effet. Oui mais c’est à dire que mon bébé a déjà mangé. Il mange à 19h, pas à 21h. Et maintenant il doit dormir. Très gentiment, Myriam vous fait comprendre que ce n’est pas vraiment son problème, qu’il y a une certaine organisation, et que c’est à vous de vous adapter. Donc, direction le vin d’honneur avec la poussette. Je ne vous gâcherai pas la surprise en vous annonçant qu’un vin d’honneur avec un bébé qui pleure (épuisé le pauvre chou !), c’est légèrement moins drôle qu’avec une coupe de Laurent Perrier dans chaque main. 

20h30, Myriam et ses enfants perdus filent enfin au pays imaginaire. Vous en profitez pour la suivre. Déplier le lit parapluie, mettre bébé dans sa turbulette, petit bib-somnifère, câlin, oh oui je t’aime, papa et maman sont juste à côté, etc., bref, 40 minutes se sont écoulés, et vous avez manqué l’arrivée en grande pompe des mariés. Quelle table on est ? Evidemment, tout le monde est déjà installés. Enfin, vous pouvez décompresser. Ou pas. Petit appel de Myriam sur votre téléphone portable : « Elle pleure beaucoup, est-ce que je peux lui faire un biberon ? » Non, on vient de lui donner. Attendez, j’arrive. Petit câlin, visser la tototte bien au fond de la gorge, regard noir vers les autres enfants qui font du bruit. Bébé est crevé, donc bébé finira par dormir. Mais vous aussi vous êtes crevés, et finirez par dormir. Et si vous êtes vaillants et souhaitez vous éclater comme tous vos amis non-parents, n’oubliez pas une chose : eux n’ont pas de réveils humains qui réclameront leur bib à 7h du mat (pour tout savoir sur les conséquences d’une cuite quand on est parents, c’est ici -> ) 

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