Tous les bébés finissent par dormir

Nul n’est parfait. Et encore moins quand on est parents. Parfois, tu as la sensation que tu dois l’être. Ça pèse sur la conscience, sur le moral, le cœur. Tu lis qu’il ne faut pas laisser pleurer son bébé, jamais, car il n’a aucune notion du temps, et que s’il pleure c’est qu’il a un besoin, et que s’il a un besoin, il faut y répondre. Tu lis que les écrans sont déconseillés aux enfants de moins de trois ans, mais l’autre jour, épuisé(e), avec ta maison en bordel et ta tête en bordel, tu as mis le tiens devant un Disney. Tu entends les spécialistes de la petite enfance parler de neurosciences, de plasticité cérébral, du fait qu’il ne faut pas crier mais accompagner l’enfant dans ses émotions, et toi tu t’en veux parce qu’hier, avec ton nourrisson malade dans les bras et ta fille qui voulait le taper, tu as hurlé. Tu as hurlé, et elle a hurlé à son tour, et ta maison est devenu un vrai opéra de larmes et de colère.

Être parent, c’est dur. Ça tire sur le corps, les nerfs, ça met la patience et l’énergie à rude épreuve. Alors il faut être tolérant envers soi-même. Envers cet organisme qui souffre et fait de son mieux. Et il faut savoir reconnaître quand on n’en peut plus, et passer le relais. Et si la lune est trop dur à atteindre, vise déjà cette petite lumière à côté, celle qui éclaire les jambes potelées de ton bébé que tu nourris, portes et chéris avec une attention folle.

On raconte beaucoup de choses aux jeunes parents. On leur donne des conseils, des « tuyaux », des livres qu’il faut absolument lire s’ils veulent réussir dans leur mission. Mais rarement on leur dit : « C’est ok d’être fatigués. C’est ok de pleurer, et de crier, et d’appeler à l’aide. Ce que vous faites, c’est dur. Soyez fiers, et rassurez-vous : tous les bébés finissent par dormir. » Ces mots devraient être prescris par la sécurité sociale.