Souviens-toi. 

Souviens-toi.

La première fois que tu as vu ton bébé. Incrédule, muet d’extase ou bavard à la folie. Sentir son odeur, odeur nouvelle et familière à la fois, odeur qui imprègne déjà toute ton existence, parfum d’amour, de dévouement… de doute. Serai-je à la hauteur de ce miracle ? Se rappeler les échographies, les allers retours à la maternité, les séances de brainstorm pour trouver un prénom. Se rappeler le bruit des battements de cœur, ses premiers battements, dans le cabinet de la gynécologue. Imperceptible échos qui fit trembler le monde.  

Faire la connexion. Oui, oui, c’est bien ton fils, c’est bien ta fille. Tu l’imaginais blonde, elle est brune. Tu l’imaginais métis, il est blanc comme un ourson de neige. Peu importe : ton bébé respire. Il y a quelques minutes encore, il était au chaud dans le ventre de maman, et maintenant il est là, contre toi. Impossible. Et pourtant. Tu sens sur ta poitrine la chaleur de son souffle, le gonflement régulier de ses minuscules poumons. Souvenir corporel indélébile. Tatouage de l’âme. 

Tu t’émerveilles de sa peau si douce, de ses ongles microscopiques, de la force avec laquelle ses doigts agrippent les tiens. Et tu continueras de t’émerveiller longtemps, car il n’y a pas de plus beau spectacle que de voir mûrir, jour après jour, le fruit de tes entrailles.