« Sexe faible »… quelle blague !

février 13, 2022

Assurer sur tous les fronts. Tu essaies, on essaie tous les deux. Pour toi, c’est dur, car la nuit tu n’as pas le privilège de pouvoir te reposer. Swann réclame encore beaucoup, et le matin je vous decouvre lovés l’un contre l’autre, sa bouche collée contre ton sein, avec du lait au coin de la bouche, et de la bave au coin de la tienne, t’agrippant à ces quelques minutes de répit avant le début de ta journée que tu vas mener tambour battant, malgré tout.

Vous êtes si nombreuses comme Marianne. Parfois solidement épaulées par des pères présents et investis. D’autres fois beaucoup plus seules. Le matin, comme Marianne, vous jetez un coup d’œil en direction du miroir. « Putain » tu penses. Cernes bleuâtres, teint de cire, cheveux secs que tu n’as pas lavés depuis… depuis quand déjà ? Et puis tu te maquilles, tu couvres les éclats que la nuit a dispersé sur ton visage, tu t’habilles, enfiles tes escarpins, donne une dernière tétée, jettes sur tes épaules ta sacoche d’ordinateur, ton tire-lait, ta salade pour midi que tu mangeras sur le pouce, et puis tu pars. Et toute la journée, tu feras comme si de rien n’était. Dans le RER, en réunion, devant ton ordinateur, avec tes yeux qui brûlent et tes seins qui piquent.

Quand je te vois partir ainsi, pimpante et parfumée, j’ai le cœur gonflé d’une puissante tendresse. La société exige tant de toi. De vous. Si tu pars tard du boulot, tu es une mauvaise mère. Si tu pars tôt, c’est que tu ne veux pas vraiment réussir. Entre les deux, une petite poche d’oxygène, à peine de quoi respirer. Moi, je te connais à midi comme à minuit. Perché sur les aiguilles du temps qui file, je vois tes efforts démesurés, ta beauté multiple, ton courage de lionne. Et je pense : »Sexe faible… quelle blague ! »

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