[ Lettre d’un papa aux gens qui font les lois ]

novembre 4, 2019

11 jours. Week-end inclus.

Lorsque je suis retourné travailler, à l’issu de ces 11 jours, je me souviens avoir eu cette pensée : “C’est n’importe quoi.” J’attendais mon train sur le quai du RER, nous étions en décembre, il faisait un froid glacial. J’attendais au milieu d’une foule silencieuse, mains dans les poches, et j’avais l’effroyable sensation que quelqu’un se moquait de moi quelque part. Je me demandais ce que je faisais là, dans cet hiver matinal et triste, alors que ma fille d’à peine deux semaines avait besoin de moi, et que ma femme épuisée par l’accouchement avait aussi besoin de moi.

Ma famille avait besoin de moi, et pourtant je n’étais pas avec elle. J’étais entouré d’inconnus, pour lesquels je n’étais d’aucune utilité, d’aucun secours. Un sentiment de culpabilité m’étreignait le ventre, me donnait la nausée. Je n’y étais pour rien, mais je me dégoûtais, me dégoûtais d’avoir abandonné mon minuscule bébé et sa maman, que j’avais quittés endormis après une nuit courte et agitée. J’ai hésité plusieurs fois. À faire demi-tour, envoyer chier mon entreprise, le système. Mais, malheureusement, j’ai besoin du système pour vivre. D’autant plus que nous sommes trois maintenant. Plus difficile de dire : « Fuck ! »

11 jours. Savez-vous Mesdames et Messieurs les Ministres qui font les lois, à quoi ressemblent un bébé et une maman, 11 jours après l’accouchement ? Peut-être l’avez-vous vécu vous-mêmes, et vous reste-t-il quelques bribes de souvenirs. Ce sont deux pétales de rose : un rien les illumine, les émeut, les bouleverse, mais un rien également peut les déchirer. Le rôle du papa est de faire en sorte que ce déchirement n’arrive pas. C’est un jardinier attentif et délicat. À longueur d’interviews, de plateaux télévisés, de communiqués de presse, vous nous parlez d’égalité homme-femme, de parité et de plafond de verre à briser. Pour un papa qui reprend le travail au bout de 11 jours, et pour une maman laissée seule au bout de 11 jours, ces mots sonnent creux.

Il n’y aura jamais, absolument jamais d’égalité homme-femme, tant que vous ne changerez pas radicalement la durée du congé paternité. Tant que vous ferez peser la responsabilité des premières semaines du bébé sur les seules épaules de la maman, fragilisée émotionnellement et physiquement. Tant que vous condamnerez le père à n’être qu’un assistant à temps partiel, héritage archaïque et honteux des vieux modèles patriarcaux.

Le papa d’aujourd’hui veut s’impliquer. Être présent pour changer les couches, donner le biberon ou aider pour l’allaitement, faire le ménage et la vaisselle pendant que maman se repose. Le papa d’aujourd’hui veut partager, de manière parfaitement équitable, le travail qu’impose l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille. Le papa d’aujourd’hui veut être fier de son pays, de ses lois, de son engagement pour une égalité réelle et assumée. Mesdames, Messieurs les Ministres, donnez-lui cette chance.

NB : Et s’il vous plaît, ne me parlez pas du congé parental rémunéré moins que le RSA…

Je suis fier de partager avec vous cet article du Huffington Post que vous reconnaîtrez certainement. S’il a attiré l’attention du journal, c’est aussi grâce à vos témoignagesvos partages, votre engagement. Alors merci à tous ! Article du huffington post à lire ici

 

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